Trois jours après son investiture, le président Trump a annoncé le rétablissement du Global Gag Rule, ou «règle du bâillon», Ce décret interdit le financement par les Etats-Unis d’organisations internationales qui proposent des services d’avortement légal, délivrent une information complète en matière de santé sexuelle et reproductive.
Cette mesure privera toute organisation qui refuse de la signer de fonds essentiels pour les services de santé tels que la contraception, les soins prénataux, la prévention et le traitement des IST et du VIH, et des cancers gynécologiques. Pour l’IPPF (International Planned Parenthood Federation) – principal fournisseur mondial de ces services – cela se traduira par une perte sèche de 100 millions de dollars, destinés à ces services qui, aujourd’hui, sauvent la vie de millions de femmes et de jeunes dans le monde.
Le Gag Rule constitue un frein à leur liberté d’action : en effet, en empêchant les ONG de parler d’avortement, il compromet la relation de confiance entre les personnes et les professionnels de santé, qui ne peuvent plus donner une information objective sur les droits et la santé sexuelle et reproductive. Par contre, le plaidoyer anti-avortement est autorisé, voire encouragé, ce qui montre bien le côté idéologique du Gag Rule.
La «règle du bâillon» n’est pas une nouveauté. Introduite pour la première fois par Ronald Reagan en 1984, elle a été appliquée par plusieurs présidents républicains, toujours avec les mêmes résultats néfastes : diminution ou suppression de services, fermetures forcées de cliniques, augmentation des grossesses non désirées et des avortements à risque. Cela a eu des conséquences sanitaires bien souvent catastrophiques pour les femmes les plus vulnérables, à savoir les plus pauvres, les plus éloignées du système de soin, les plus jeunes.
Faisant fi de ces bilans bien peu reluisants, Donald Trump n’a pas seulement décidé de réintroduire cette réglementation draconienne, mais aussi d’en élargir le périmètre. Désormais, le Global Gag Rule ne frappe pas seulement les organisations de planification familiale, mais également toutes les ONG qui, dans le cadre d’une approche de santé globale, offrent ou orientent vers des services de santé sexuelle et reproductive. Pour 2017, un pourcentage des financements internationaux totaux (approximativement 9,5 milliards) pour la santé globale pourrait être menacé.
L’IPPF, et son association membre, le Planning Familial, s’opposent à cette mesure qui met en danger la vie des femmes et bafoue leurs droits humains fondamentaux et comptent sur les communautés, les gouvernements et le secteur privé pour combler le manque de financement. 
Nous nous félicitons de la vague de soutiens financiers spontanée et immédiate de ces derniers jours, venue surtout de gouvernements Européens – des Pays-Bas en passant par la Belgique et la Norvège – et du Canada, qui prennent clairement parti pour les femmes pauvres et vulnérables. Depuis la création de l’IPPF en 1952, les pays européens ont toujours été les porte-parole des droits et de la santé sexuelle et reproductive. Il est encourageant de voir que ce soutien est toujours vivace : le gouvernement néerlandais – en partenariat avec l’organisation Rutgers, membre de l’IPPF – a immédiatement lancé une campagne internationale de collecte de fonds, «SheDecides».
«Nous ne reculerons pas», scandaient les millions de personnes mobilisées le 21 janvier aux USA et à travers le monde pour défendre ces droits.
Il est temps que d’autres gouvernements européens, dont la France, rejoignent cette mobilisation internationale, pour démontrer leur attachement aux droits fondamentaux de toutes les femmes, et affirmer haut et fort qu’ils poursuivront au niveau national et international des politiques privilégiant une information objective et non-jugeante, pouvant conduire à des choix éclairés et favorisant des parcours d’émancipation.