samedi 18 décembre 2010

BAMAKO Jour de repos (4)

18 décembre, jour de repos....


Bamako, capitale du Mali, fêtant cette année son état d'indépendance qui date depuis un demi siècle.
Bamako, ville qui grouille, ville qui par sa position géographique, située dans une espèce de cuvette profonde, particulièrement illuminée, est une ville chaude et polluée par l'émanation des moteurs bruyants de milliers de petites motos, la Chine y a craché son savoir-faire et son savoir-vendre.
Bamako, ville où nous rencontrons notre deuxième grand fleuve africain, après le Sénégal, maintenant la place au Leading Figure, le Niger, autre mastodonte large et majestueux, le Niger que nous allons longer et pratiquer  jusqu'à notre arrivée à Tombouctou...le Niger sur lequel, Inch'Allah, nous allons naviguer, en pinasse, mercredi, pour aller de Kourikolo à Ségou.
Bamako, ville dans laquelle Skubi et moi-même, nous nous sommes réfugiés dans le Grand Hôtel, un hôtel digne du nom hôtel, hôtel dont nous avions un peu besoin pour retomber sur un zeste de plus de confort, vu le confort que nous avons connu les semaines précédentes,... pour se refaire « une santé », ah...pauvres Toubabs, pauvres adeptes au luxe éphémère mais tellement bienvenu, comme des lâches, nous avons cédés à la tentation, mea maxima culpa, mais quel délice...
Bamako, ville dans laquelle j'espérais trouver à racheter un appareil photo puisque mon Lumix avait succombé suite à une chute mémorable sur La Piste...Pensez-vous...en cherchant dans le quartier derrière la Cathédrale je suis tombé sur Sissiko qui m'a promis, d'ici lundi, de réparer mon appareil malade... »Présentement, il faut l'ouvrir pour savoir si après il voudra s'ouvrir! »...le coquin!... » Après il faut voir si l'écran n'est pas trop secoué, sinon, on va le changer! »...Pour tester la batterie, sans aucune hésitation, il la fait toucher  sa langue... «  Elle est bonne » il dit... » Mais il faut me donner un acompte de 10000FCFA...sans blague (15 €) quand même!...Afrique créative, Afrique étonnante...sur son établi figure un minimum de matériel, petit poste à soudure, tournevis, quelques ustensiles inconnus et une panoplie de téléphones portables et d'autres appareils photo numérique complètement décarcassés, le contenu d'une poubelle européenne, quoi...Inch'Allah.






































Toujours Bamako
En arrivant au Parc Zoologique, situé juste à côté du Musée National, le gardien de deux-roues me demandait 50 FCFA.
Je lui donnais un billet de 2000 et il me disait de payer après la visite, faute de monnaie.
A l'entrée du parc, il était déjà 13H passées et il faisait déjà bien chaud à l'ombre, la vendeuse de sachets d'eau me demandait 50 FCFA pour un sachet, je lui tendais mon billet de 2000 et elle faisait non de la tête, j'avais pourtant bougrement soif.
Le billet d'entrée, valeur 50 FCFA, m'a été accordé pour du vent en méprisant d'un air fatigué mon billet de 2000 FCFA.
La trompe du petit éléphanteau, se faufilant à travers le grillage percé et déjà d'une autre époque, était sèche et dégageait une sensation de peau humaine au toucher. Interdiction de lui donner à manger, c'était écrit, c'était écrit aussi de mettre les immondices telles sachets plastics, sachets papiers, bouteilles de soda vides etc dans les containers prévus, pourtant pendant toute la visite on marchait sur des ordures parsemées partout.
Une dizaine de petits singes, des capucins de toute espèce, se promenaient « en liberté » harnachés autour du ventre par une lanière de bric et de broc et attachés au mur.
Une outarde était logée à côté d'un couple de paons, figée comme une statue grecque.
Un chimpanzé tout seul, manifestement un mâle, à l'exigence de son mâton-gardien, faisait des pas de danse dans le but d'obtenir quelques arachides de son public plié de rire, il y en a qui n'en pouvaient plus, pathétique et obscène.
Le lion, imperturbable sur son plateau d'exposition, lacéré d'esquarres, soumis et amaigrit par la solitude et l'ennui, avec ses yeux cassés, fixait un point dans l'air tremblant de chaleur, serait-il encore capable d'espérer? Son gardien se trouvait de l'autre côté des barreaux mais me semblait autant perdu que le roi de la savane, ils dormaient tous les deux, l'un les yeux ouverts, l'autre dormait pour de vrai.
L'autruche était en lutte et le faisait savoir, malgré l'heure fatidique de l'ouverture des portes de l'enfer calorique elle n'arrêtait pas de gesticuler ses membres inférieurs, haletant mais décidée d'en finir avec sa poussée d' hormones.
En quittant le parc quelques très jeunes noirs me lançaient « hé, blanc, Toubab » et je me sentais un peu faire partie de ce Zoo.
Le gardien de deux-roues n'avait toujours la réponse à mon billet de 2000 FCFA et du coup la visite ne m'avait pas coûté très cher mais elle m'avait beaucoup appris sur le bien-être des animaux à Bamako, sauvages ou pas.





21 décembre
Vers les 14h30, à vélo, je retourne chercher nos deux passeports à l'immigration malienne.
C'est loin de l'hôtel Le Rabelais, où nous résidons maintenant, plus de 10km, mais je commence à connaître mon chemin dans cette mégapole poussiéreuse et polluée.
Je fais le tour de la ville par les deux ponts en restant de ce côté-ci du fleuve, ça marche bien et j'y suis en 30 min, asphyxié par les émanations de gaz.
Hier soir notre interlocutrice ne voulait plus de nous, manifestement fatiguée elle nous disait « Présentement, je vais aller à la maison», fallait mieux ne rien tenter, ne rien dire, elle avait fait ses heures de la journée et basta. Ce matin à 7H45, quand je suis allé porter nos deux passeports, elle devenait d'un coup bavarde quand elle comprenait que j'étais de nationalité belge?? J'ai vite compris la raison «J'y suis allée le mois d'octobre, en Belgique, à Oostende, avec toutes ces maisons le long de la plage» et, très fière, elle ajoute « Mon fils y travaille, il conduit une camionnette de transport et mon mari travaille à Paris », Putain, quelle vie de famille...Elle n'arrêtait pas de parler de Oostende, des flamands, des wallons, du vent, du froid, des vieux qui habitent Oostende, pas de jeunes, « Oui, mais la prochaine fois il faudrait y aller le mois de juillet ou août! Pendant ces mois-là il y a beaucoup de monde, surtout des jeunes» Je savais ce qu'elle allait me répondre « Inch'Allah».


Le voyage à vélo chargé à travers la partie « Centre Commercial », ce matin quand nous avons changé d'hôtel, en partant de la gare ferroviaire, où arrivent à dose homéopathique des trains, par la Place de la Liberté, où, à cause de multiples feux rouges, il est obligatoire de porter un masque, de préférence un vrai masque à gaz si on ne veut pas mourir suffoqué sur le champ, par la route de Sotuba, où, plus loin, on espère trouver Le Rabelais, est une expérience assez unique, dantesque et inoubliable...Une fois sur la route de Sotuba on passe devant la Grande Poste, plus loin devant le Centre Artisanal, et encore plus loin devant la Grande Mosquée...la route n'est pas toujours très bonne, le goudron est souvent rare et du sable aime bien s'accumuler, il faut être vigilant et bien tenir le guidon...ça klaxonne sans arrêt, dans le dos,du côté droit, du côté gauche, les petites motos se touchent presque et te dépassent à quelques centimètres près, les « ville-brousses » racolent les clients en changeant de direction constamment, des piétons qui se baladent dans tous les sens, surtout en contre-sens, comme d'innombrables chariots remplis de légumes ou d'autres produits divers, poussés par des mecs d'un air absent et amorphe, attention, la Mercedes veut se garer de l'autre côté de la route, personne s'énerve ni rouspète, il fait trop chaud....Chaque mouvement de tête, chaque clignement de l'œil apporte une vision différente sur cette fourmilière, le cerveau n'arrive pas à suivre, il se fatigue, il a soif comme le reste de l'organisme, la chaleur est palpable...pas s'arrêter pour faire des photos, vaut mieux savourer, subir, être heureux de se trouver ici, de passage, et non pas pour y vivre tout le temps...


mardi 14 décembre 2010

DAKAR-CAPE TOWN(3) Kita Mali


Arrivés à KITA!!!! 
le 14 décembre vers les 15H, la fiesta avec de grandes Castel au resto Dieudonné....
Oh je sais très bien, nous n'avons aucun mérite. Beaucoup d'autres, avant nous,  l'ont fait et beaucoup, après nous, le feront ...mais je suis quand même très fier et très content d'avoir subi et gravi, avec succès, la piste mythique entre Kayes et Kita, et là, dans l'immédiat j'ai plus qu'une pensée pour Gérard, je te salue l'ami!, Gérard qui a du pratiquer cette piste dans des conditions encore beaucoup plus précaires et contraignantes...Le Zagar avec son excellent site Zagafrica, site que j'ai suivi et savouré pendant une année entière, le lisant chaque matin accompagné de mon premier café de la journée avant de lire, comme j'ai l'habitude, mes mails, Libé et De Morgen, à l'époque... qu'est-ce que je l'ai envié, et maintenant, je suis moi-même en plein dedans... Si ma mémoire est bonne il me semble que Gérard a mentionné au moins deux fois des propos comme « si je l'avais su je ne serais jamais passé par ici, j'aurai pris la route goudronnée par le nord pour aller à Bamako »...nous n'avons aucun mérite non plus parce que la piste est en état de réfaction importante, elle risque même d'être goudronnée d'ici un ou deux ans, et nous, nous avons pu profiter largement de l'avancement des travaux...ça ne veut pas dire que nous étions les rois du pétrole tous les jours, loin de là!, nous avons du passer pendant les travaux, se faufiler entre les grosses machines jaunes que tout le monde connaît, voire être arrêtés nous étions des fois par ces mêmes engins qui se mettaient d'un coup à travers de la piste dans le seul but de nous interpeller, du genre «  Ça va? D'où vous venez, Où allez-vous? »...Sur ce tronçon de 330 km nous avons connu à peu près toutes les surfaces que l'on peut trouver sur une piste, de la latérite damée et bien tassée, sur laquelle on roule comme sur du goudron avec en plus la musique agréable du crissement des pneus , de la latérite « sableuse », attention les glissades et les dérapages voire les chutes, je sais de quoi je parle, ensuite du sable, du sable de toute les couleurs et de toutes profondeurs, parfois caché sous une couche de gravillon, parfois bien visible, même de loin, nous attendant, à distance déjà se foutant de notre gueule, parfois ça passe à condition de pouvoir accélérer de justesse, parfois ça passe pas et on est obligé de mettre pied par terre et de ramer, pousser ce vélo de 60 kg, vous avez déjà poussé une brouette bien chargée sur la plage de Knokke ou de Cap d'Agde?, de la tôle ondulée qui aime volontiers décrocher les sacoches du vélo, surtout celles de devant, de la caillasse un peu parsemée ci et là, des bouts de goudron comme des îlots survivant aux années stillekes et qui se trouvent toujours aux mauvais endroits, là où la piste est clémente et en position descendante et où on pourrait prendre un peu de vitesse, des pavés qui ressemblent aux voies romaines au niveau des passages de crue possible pendant la saison des pluies qui te secouent à ne pas en finir... et des fois, il se présente un peu de tout cela mélangé sur quelques hectomètres...C'est usant et fatiguant mais quelle expérience!
Je vous écris ce petit commentaire devant un feu de bois en pleine brousse dans un champ de culture de coton et  d'arachides, à 40 km avant Tambaga, il s'agit d'un village avec un nom poétique Tanbacoundaheto... il est 20H, nous sommes le 13 décembre, nous venons de manger une soupe aux multiples légumes suivi de pâtes, ketchup et une conserve de choucroute, du pain et une tisane, mes compères viennent de se retirer dans leur tente-moustiquaire, la lune éclaire mon écran, ça gazouille dans la nature, la température est tombée à à peine 20°, j'entends les enfants du village d'à côté où nous avons pris de l'eau....je vis un moment délicieux et je vous embrasse.