Ce n'est pas sans une certaine fierté que je vous présente l'article suivant, qui était à lire dans Libération du 6/02/2017, co-écrit par ma fille Eef ( IPPF European Network ) avec Veronica Nodesa ( Mouvement français pour Planning Familial ) et Anna Mickalovicz.
Tribune
«Global Gag Rule» : des gouvernements européens se mobilisent pour les droits des femmes et des jeunes
Dans une tribune, le Planning Familial et l'International Planned Parenthood Federation (IPPF) dénoncent les conséquences du Global Gag Rule réinstauré par Donald Trump.
Trois jours après son investiture, le président Trump a annoncé le rétablissement du Global Gag Rule, ou «règle du bâillon»,
Ce décret interdit le financement par les Etats-Unis d’organisations
internationales qui proposent des services d’avortement légal, délivrent
une information complète en matière de santé sexuelle et reproductive.
Cette mesure privera toute
organisation qui refuse de la signer de fonds essentiels pour les
services de santé tels que la contraception, les soins prénataux, la
prévention et le traitement des IST et du VIH, et des
cancers gynécologiques. Pour l’IPPF (International Planned Parenthood
Federation) – principal fournisseur mondial de ces services – cela se
traduira par une perte sèche de 100 millions de dollars, destinés à ces
services qui, aujourd’hui, sauvent la vie de millions de femmes et de
jeunes dans le monde.
Le Gag Rule
constitue un frein à leur liberté d’action : en effet, en empêchant les
ONG de parler d’avortement, il compromet la relation de confiance entre
les personnes et les professionnels de santé, qui ne peuvent plus
donner une information objective sur les droits et la santé sexuelle et
reproductive. Par contre, le plaidoyer anti-avortement est autorisé,
voire encouragé, ce qui montre bien le côté idéologique du Gag Rule.
La «règle du bâillon»
n’est pas une nouveauté. Introduite pour la première fois par Ronald
Reagan en 1984, elle a été appliquée par plusieurs présidents
républicains, toujours avec les mêmes résultats néfastes : diminution ou
suppression de services, fermetures forcées de cliniques, augmentation
des grossesses non désirées et des avortements à risque. Cela a eu des
conséquences sanitaires bien souvent catastrophiques pour les femmes les
plus vulnérables, à savoir les plus pauvres, les plus éloignées du
système de soin, les plus jeunes.
Faisant fi de ces bilans
bien peu reluisants, Donald Trump n’a pas seulement décidé de
réintroduire cette réglementation draconienne, mais aussi d’en élargir
le périmètre. Désormais, le Global Gag Rule ne frappe
pas seulement les organisations de planification familiale, mais
également toutes les ONG qui, dans le cadre d’une approche de santé
globale, offrent ou orientent vers des services de santé sexuelle et
reproductive. Pour 2017, un pourcentage des financements internationaux
totaux (approximativement 9,5 milliards) pour la santé globale pourrait
être menacé.
L’IPPF,
et son association membre, le Planning Familial, s’opposent à cette
mesure qui met en danger la vie des femmes et bafoue leurs droits
humains fondamentaux et comptent sur les communautés, les gouvernements
et le secteur privé pour combler le manque de financement.
Nous nous félicitons de la
vague de soutiens financiers spontanée et immédiate de ces derniers
jours, venue surtout de gouvernements Européens – des Pays-Bas en
passant par la Belgique et la Norvège – et du Canada, qui prennent
clairement parti pour les femmes pauvres et vulnérables. Depuis la
création de l’IPPF en 1952, les pays européens ont toujours été les
porte-parole des droits et de la santé sexuelle et reproductive. Il est
encourageant de voir que ce soutien est toujours vivace : le
gouvernement néerlandais – en partenariat avec l’organisation Rutgers,
membre de l’IPPF – a immédiatement lancé une campagne internationale de
collecte de fonds, «SheDecides».
«Nous ne reculerons pas», scandaient les millions de personnes mobilisées le 21 janvier aux USA et à travers le monde pour défendre ces droits.
Il est temps que d’autres
gouvernements européens, dont la France, rejoignent cette mobilisation
internationale, pour démontrer leur attachement aux droits fondamentaux
de toutes les femmes, et affirmer haut et fort qu’ils poursuivront au
niveau national et international des politiques privilégiant une
information objective et non-jugeante, pouvant conduire à des choix éclairés et favorisant des parcours d’émancipation.
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